Enseigner en classe virtuelle pose de nombreux défis. Pour plusieurs enseignants, au cours de la dernière année, ce fut synonyme de problèmes de toutes sortes : connectivité, manque de participation, absence du sentiment de présence, absentéisme, pour en nommer quelques-uns.
Dans mon rôle de conseiller en formation, je donne souvent les mêmes trucs pratico-pratiques pour accroître les interactions. J’identifie quatre causes possibles pour un manque de participation de la part des étudiants (certaines d’ordre technologique, d’autres d’ordre pédagogique) :
- Mauvaise connaissance de l’outil de la part des étudiants : ils ne savent pas comment lever la main, écrire dans le clavardage.
- Aucune routine de classe instaurée pour gérer les interactions (peur de commencer à parler en même temps que quelqu’un d’autre, incertitude à savoir s’il est possible d’interrompre l’enseignant.e).
- Absence de renforcement ou de considération pour des interventions précédentes : si un étudiant lève la main et qu’on lui donne la parole 1h plus tard, il ne se sent pas encouragé à participer.
- Manque de clarté dans les attentes de l’enseignant.e : questions trop ouvertes ou, au contraire, pas assez ouvertes
Pour un enseignant qui souhaite accroître les interactions, la première chose à faire est de tenter d’identifier la ou les causes possibles. Voici quelques solutions simples qui permettent presque à coup sûr d’accroître substantiellement les interactions :
Mauvaise connaissance de l’outil de la part des étudiants
- Piste #1 : Identifiez explicitement les fonctions utiles à la gestion des interactions et expliquez comment les utiliser (fonction pour lever la main ou clavardage, essentiellement). Exigez des étudiants qu’ils s’exercent à les utiliser et insistez pour que tout le monde le fasse (p. ex. : après avoir expliqué où se trouve la fonction “main levée”, demandez à tout le monde de lever la main pour valider qu’ils l’ont repérée, puis attendre tout le temps nécessaire pour que toutes les mains soient levées en répétant au besoin la démarche).
- Piste #2 : Fournir, en amont, des guides vidéos sur le fonctionnement de l’outil que vous utilisez. Au besoin, créez vos propres guides si vous faites des utilisations particulières. Référez à ces guides fréquemment, surtout dans les premières séances.
Aucune routine de classe instaurée
- Piste #3 : Annoncez spécifiquement la façon dont vous souhaitez que soient posées les questions. Soyez très précis. Annoncez la façon dont vous traiterez les questions (p. ex. vous regarderez s’il y a des mains levées toutes les 5 ou 10 minutes pour vérifier – respectez votre engagement à cet égard).
- Piste #4 : Donnez la parole aux personnes pour qu’elles puissent poser leurs questions à voix haute. Même si des questions sont posées par clavardage, invitez la personne à prendre la parole si vous jugez qu’il s’agit d’une question suffisamment complexe.
- Piste #5 : À l’occasion, posez une question à tout le monde et exigez qu’ils se prononcent tous individuellement dans le clavardage. Utilisez les réponses pour alimenter la suite de votre cours. Allouez le temps nécessaire lorsque vous faites ce type d’exercice (les gens doivent écrire, il est normal que rien n’apparaisse avant 1 minute et ce silence ne crée aucun malaise, cessez de parler pendant ce temps pour les laisser réfléchir et faire la tâche).
- Piste #6 : Offrez à l’occasion la possibilité à d’autres personnes de réagir aux propos des autres et assumez votre rôle d’animateur de la discussion (p. ex. : “En utilisant la fonction pour lever la main, est-ce que quelqu’un aimerait réagir à l’intervention de Denise ?”, allouez le temps nécessaire pour que quelqu’un se manifeste, puis nommez explicitement son nom lorsque vous lui octroyez le droit de parole).
Absence de renforcement ou de considération des interventions précédentes
- Piste #7 : Au début de la séance, saluez les personnes par leur prénom lorsqu’elles se branchent à la classe virtuelle.
- Piste #8 : Lorsque vous souhaitez que quelqu’un prenne la parole, nommez son prénom et soyez explicite sur votre attente (p. ex. “Denise, je vous invite à activer votre microphone pour poser votre question”) – il est normal que quelques secondes soient nécessaires pour que la personne prenne la parole.
- Piste #9 : Remerciez les personnes de leurs interventions en les nommant par leur prénom (p. ex. “Merci Denise pour votre question”).
- Piste #10 : Lorsque vous rapportez des interventions pertinentes qui ont eu lieu dans le clavardage, ne vous contentez pas de rapporter le propos, nommez le prénom de la personne qui l’a fait (p. ex. “Denise nous indique que […]”.
- Piste #11 : Ne vous sentez pas obligé de développer tout de suite après l’intervention de chaque étudiant. Même s’il y a des inexactitudes à corriger, vous pouvez laisser les étudiants se répondre entre eux et souvent cela donne lieu à d’excellentes co-régulations des apprentissages. Vous pouvez intervenir en dernier recours pour rectifier.
Manque de clarté dans les attentes de l’enseignant
- Piste #12 : Évitez de poser des questions dont vous connaissez la réponse (des questions objectives sur les connaissances), celles-ci ne peuvent pas être l’objet d’interactions soutenues. Privilégiez des questions qui demandent un positionnement personnel ou le récit d’une expérience, par exemple.
- Piste #13 : Si vous souhaitez avoir des interactions, évitez d’escamoter le temps qui doit y être consacré (p. ex. en interrompant précocément des échanges sous prétexte qu’il y a trop de contenu à voir). Ce n’est pas du temps perdu, au contraire.
C’est une première ébauche, je vais possiblement bonifier à partir de lectures supplémentaires ou commentaires !